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Crime et Chocolat

15 octobre 2006

L'écologie malgré les verts ?

La campagne présidentielle 2007 sera-t-elle celle de l’écologie ?

On peut toujours l’espérer. Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l'Assemblée n’a-t-il pas déclaré : « La question écologique sera l'un des enjeux de la campagne pour la présidentielle. » Et l’idée de Nicolas Hulot d’un vice-premier ministre chargé du développement durable a été jugée intéressante par les Etats-majors des principaux candidat; l'animateur d’Ushuaia est d’ailleurs courtisé de toute part (Royal, Sarkozy, Bayrou…)

Cet engouement relatif pour la question écologique ne rend que plus pathétique la stagnation de Dominique Voynet, à 2%  d’intentions de vote à la présidentielle. (entre parenthèses, les estimations de vote des candidats potentiels des partis de feue la majorité plurielle, hors PS, ont de quoi inquiéter le ou la futur(e) candidat(e) socialiste qui risque de manquer d’un réservoir de voix  conséquent pour le 2e tour).

Alors pourquoi ? Le vote utile d’un certain nombre de sympathisantes verts, le souvenir du 21 avril, les déceptions de l’expérience au gouvernement n’expliquent pas tout.

Le problème à mon avis vient plutôt du positionnement politique extrêmement fermé du parti.

Idéologiquement, les Verts prônent une rupture (et oui, eux aussi) avec le modèle de société actuelle fondé sur le productivisme, la consommation, la recherche perpétuelle de la croissance. Le contraste est fort entre l’ambition de  ce projet –changer le monde, rien de moins – et la modestie organisationnelle du parti qui compte une petite dizaine de milliers d’adhérents.

A partir de ce moment-là, 2 options stratégiques s’offrent aux Verts.

Tout d’abord, adopter une approche pédagogique pour sensibiliser peu à peu l’opinion publique aux problématiques environnementales, en capitalisant sur les événements qui affectent la vie quotidienne des citoyens – de ce point de vue là, la hausse du prix du pétrole était une formidable opportunité. Yves Cochet, candidat à la candidature Vert à la présidentielle, battu de justesse par Dominique Voynet, s’y est essayé avec un livre au titre évocateur « Pétrole Apocalypse » Ce type d’approche consiste à s’adresser à l’opinion – via  des relais intellectuels et scientifiques, voire médiatiques – pour renforcer l’audience des Verts en démontrant la légitimité et l’urgence des questions qu’ils posent. Dominique Voynet a elle chois une toute autre approche. Il faut noter que Cochet et Voynet, même s’ils étaient très semblables sur le fond des idées (ils font tous les deux partie de l’aile « modérée » du parti) incarnaient en fait très bien, dans cette campagne interne, les deux options stratégiques envisageables. En ce sens, cette élection interne avait plus de signification qu’elle ne semblait en présenter (malheureusement, le verdict très serré rend difficile sa lisibilité). En effet, Dominique Voynet, elle, a adopté quand elle était à la tête du parti (et Ministre de l’Environnement de 1997 à 2001) une approche plus politicienne et réaliste donnant la priorité à l’ancrage des Verts dans une majorité gouvernementale de gauche.

Cette stratégie a porté ses fruits avec l’entrée à l’Assemblée Nationale de députés Verts en 1997. En gros le principe est de jouer loyalement le jeu de l’alliance à gauche, et de bénéficier de tous les avantages d’une inscription dans une coalition potentiellement majoritaire, tout en marquant sa différence sur quelques sujets emblématiques- le nucléaire, les OGM…

La faiblesse de l’approche de Cochet était sans doute son oubli des réalités politiques basiques et son efficacité électorale aléatoire dans le court terme. Le point faible de celle de Voynet est qu’il s’agit d’une politique de coups, qui n’aide pas à faire comprendre à l’opinion la cohérence de la vision du monde écologique et qui risque de faire de la sensibilité environnementale, au pire un gadget, au mieux un supplément d’âme pour la gauche traditionnelle.

Aujourd’hui, l’approche Voynetiste semble trouver ses limites et on ne voit pas comment le choix d’une stratégie à

la Cochet

serait  payante dans l’immédiat. Cependant, si les Verts veulent conserver une légitimité politique à l’heure où tut le monde parle d’écologie, il leur faudra bien un jour trancher ce débat – là.

L’autre alternative évidemment est de ne choisir aucune des deux options. Il est permis de penser qu’une bonne partie des Verts serait plutôt sur cette ligne-là. Les réticences exprimées par certains sur la possibilité pour le parti de discuter avec Nicolas Hulot et Corinne Lepage (autre candidate « écologique » potentielle) parce qu’Hulot a été conseiller de Chirac et que Lepage a figuré dans un gouvernement de droite (quelle horreur !) sont assez significatives à cet égard. Là où l’urgence pour les Verts serait d’élargir leur audience, de trouver des alliés au-delà de la sphère politique traditionnelle (associations, leaders d’opinion, chercheurs…), de vulgariser leur doctrine en cherchant des relais susceptibles de toucher d’autres types de populations que les bobos parisiens ou les profs de techno en retraite, nombre de militants du parti semblent avant tout attachés à préserver leur spécificité. Ce qui donne à la vie interne du mouvement, cette culture de la discussion stérile et de l’anathème permanent qu’on ne trouve normalement que chez les groupuscules extrémistes, qui parce qu’ils sont durablement éloignés du pouvoir, se focalisent sur la recherche de la pureté idéologique au sein de leur organisation.

Depuis Lénine et son parti bolchevik, les mouvements politiques ont cependant évolué et même ceux qui se disent aujourd’hui révolutionnaires ne croient plus au principe d’une petite avant-garde ouvrant la voie aux masses ignorantes. Si les Verts veulent un jour voir leurs idées appliquées, il serait temps qu’ils se mettent à pratiquer cette activité, synonyme de compromis, de tactique, et d’acceptation (au moins provisoire) du réel, sans doute décevante et peu ragoûtante pour des puristes : faire de la politique.

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7 octobre 2006

Jeunes de gauche et Jeunes de droite

Bonjour

J'aimerais aujourd'hui développer une question cruciale si votre profession est d’être scouter (ce terme désigne les agents recruteurs des agences de top-models, j’avoue que j’ignore s’il a un rapport avec le scoutisme mais après tout cela serait assez cohérent) pour un parti politique : comment peut-on reconnaître un jeune de gauche d’un jeune de droite ?

C’est assez facile, le jeune de droite est généralement bien habillé, avec des joues rondes.

C’est un garçon qui est secrètement malheureux. Le monde ne fait que l’embêter. Le jeune de droite a été élevé par des parents aimants qui lui ont appris tout ce qu’il y avait à savoir sur la vie : qu’il fallait travailler pour réussir, le mériter pour être heureux, que les méchants étaient punis, que le seul bon chemin à suivre était celui qui allait tout droit. Ce garçon (ou cette fille) a des valeurs, mais au fur et à mesure qu’il grandit, le jeune de droite constate avec agacement que dans les journaux ou les salles de cours, on arrête pas de contredire ce qu’on lui a appris et ça le met en rage : vous ne seriez pas en colère vous si on critiquait votre papa ou votre maman ? C’est ce qui donne au jeune de droite cet air buté et têtu avec lequel il accueille les mauvaises langues qui prônent le mariage homo, la libéralisation des drogues douces et autres manifestations immatures et décadentes d’une rebellion stérile contre le seul ordre juste qui vaille, celui de l’enfance, société organique qui exclut l’opposition tellement stérile entre nature et culture, entre plaisir et devoir, entre jeunesse et tradition.

Le jeune de droite respecte lui ses aînés. Il est agacé par les commères qui ne cessent de répéter que le monde est effroyablement compliqué alors qu’il sait lui que le monde est simple. C’est pour cela que le jeune de droite pense sincèrement souffrir, même si il n’a jamais bossé à Mc Do pour payer ses études et si le plus violent désagrément physique qu’il ait du endurer est le tennis elbow qui l’a contraint à abandonner en huitième de finale du championnat de Haute-Normandie cadet. Il a souffert, sous Mitterrand, sous Jospin. Il souffre d’entendre de voir le Bien et le Beau attaqués sans cesse par les Barbares.

Le jeune de gauche lui offre un tout autre type psychologique (son look est aussi parfois un peu différent : il aime les tee-shirts informes, les accessoires exotiques – tresse jamaïcaines ou bracelets brésiliens, les cheveux longs – le jeune de droite aussi parfois, mais seulement s’ils sont permanentés). Quoi, me direz-vous, le jeune de gauche n’aimerait pas ses parents ? Quelle atroce confusion des ordres ! (sentimental d’un côté, politique de l’autre) Bien sûr que si mais il y a une différence ; le jeune de droite aime ses parents parce qu’il les admire ; le jeune de gauche parce qu’ils lui ressemblent. Le jeune de gauche lui ne ressent pas l’hostilité du monde. Au contraire, il s’émerveille de la bienveillance de l’univers. Dans les manifs on reconnaît le jeune de gauche au fait qu’il est jeune. En effet, dans les manifs il y a une majorité de gens de gauche. Mais s’il y avait des manifs avec des jeunes de droite, on reconnaîtrait le jeune de gauche à cet air extatique et niais avec lequel il sourit à la vie, comme s’il avait abusé de la marijauna avant des prendre ses pancartes sous les bras et de pointer dans les rangées des défenseurs de la démocratie à l’assaut des fascistes et des capitalistes, des pollueurs et des exploiteurs. Le jeune de gauche croit aux slogans consensuels : « tous ensemble, tous ensemble, hé : » « Nos vies comptent plus que notre profit » « Le monde n’est pas un marchandise. » Le jeune de gauche qui fréquente surtout des gens de gauche a tiré de cette endogamie idéologique l’illusion que tout le monde partage avec lui la bonne volonté civique, la solidarité automatique et la bonne conscience écologique qui sont au cœur de sa représentation du monde. Le jeune de gauche (tout comme l’ensemble des gens de gauche) ne croit pas au pêché originel. Pour lui, les gens sont bons et le monde serait un havre de paix si les forces du mal – entités abstraites, lointaines et minoritaires – ne s’en mêlaient pas en profitant des limites de la démocratie bourgeoise pour manipuler les esprits populaires. Ces puissances des ténèbres sont désignées par les jeunes de gauche, par des noms un peu effrayants qu’on répète le soir avant de s’endormir pour jouer à se faire peur  : capitalistes, libéraux, Américains…. Mais après tout à la fin on gagnera car on est so-li-dai-res : on vit ensemble, on meurt ensemble, pense le jeune de gauche qui admire Thuram et Vieira depuis les places distribuées aux expulsés de Cachan, mais qui au fond n’a pas le sens du tragique. Parce qu’au fond, même s’il perd souvent, le jeune de gauche, tel Zidane, n’a aucun regret quand il se heurte la tête la première au mur de l’injustice. Prendre des coups et en donner, ça fait des souvenirs. C’est là une autre différence fondamentale : le jeune de gauche tire de la joie de son passé, le jeune de droite de la nostalgie.

Ils ont tout de même un point commun : ils voient l’avenir comme radieux même si tout au fond de leur cœur, une petite voix leur murmure qu’il sera décevant. Un jour, peut-être la petite voix les mettra tous d’accord et ils verront ce qu’ils ont en commun. La lucidité est riche en surprises mais elle est toujours un peu triste.

4 octobre 2006

Love Song pour Scarlett Johansson

Je suis allé voir l’autre jour « Love Song », film indé US à la fois sympathique et languissant racontant la cohabitation dans une vieille baraque de la Nouvelle Orléans entre une jeune fille paumée (Scarlett Johansson) et deux amis de sa mère décédée, un ex-prof de littérature déjanté et alcoolo (John Travolta), et son disciple, un jeune gars posant à l’écrivain maudit (Gabriel Macht). Le film est très représentatif du cinéma américain indépendant qui trouve semble-t-il une gloire à mettre en scène des personnages « oubliés du rêve américain », inadaptés à la société, plutôt antipathiques au premier abord mais ayant au fond bon cœur. Bref, c’est assez complaisant et parfois agaçant mais il y a une atmosphère, la gueule de John Travaolta avec des cheveux blancs aussi scintillants qu’un banquise essorée au gin, il y a le talent de Travolta, aussi, puissant et émouvant dans sa posture de vieux coucou hédoniste, blessé mortellement par la vie mais faisant face avec panache… et puis, et puis, il y a Scarlett Johansson.

Ah Scarlett !... Je l’avoue, j’ai payé mon billet pour elle (et j’aurais payé bien plus cher pour cohabiter avec elle à la place de Travolta). Bien sûr, je pourrais dire qu’elle est magnifique dans le film et ce serait l’exacte vérité. Sexy sans affectation, Scarlett exerce sur le spectateur mâle hétérosexuel moyen une attraction rien moins que platonique. Et pourtant dans le même temps, elle réussit le prodige de faire de sa présence à l’écran un phénomène aussi captivant pour l’esprit que pour les sens.

Elle présente un remarquable mélange d’assurance et d’humilité, de pugnacité et d’innocence qui est carrément fascinants la plupart du temps (le reste du temps, on admirera son corps et sa bouche ce qui, soyez-en sûrs, suffira largement à maintenir l’attention).

Ça c’est la Scarlett de l’écran, à adorer sans modération. Et puis, il y a la Scarlett des revues people… Et là, je dois dire que je fonds aussi pour le personnage, même si il est sans doute aussi éloigné de la Scarlett actrice que la vision de Jésus Christ par les membres du Ku-Klux-Klan doit l’être du rejeton de Marie  et de Jospeh (à moins que ce ne soit de l’Autre).

La Scarlett

des magazine baise (elle pratique je crois « le sexe tantrique » avec son compatriote d’acteur Josh Harnett),  boit, affiche sans complexe sa détermination de petite ricaine qui veut tout : l’argent, la réussite, le pouvoir, la reconnaissance de son talent et l’admiration des hommes.

Il faut profite de Scarlett Johansson tant qu’elle est comme elle est : la fille qui proclame sa fascination pour ses seins ("Je me souviens du jour où en voiture, j’ai vu une affiche en 4 par 3 avec moi dessus… Ce qui m’a le plus troublée, c’est de voir mon décolleté » - ISA, septembre 2006), celle qui écrit aux lecteurs de FHM pour les remercier de l’avoir hissée au top de leur classement des filles les plus sexy de la planète (« la chose qu’une fille désire le plus au monde, c’est d’être sexy »), celle qui disait en substance à propose de son personnage d'actrice arriviste dans Match Point : "Elle avance dans la vie avec les atouts dont elle dispose. Vous savez, dans la vie, quand on veut quelque chose, il faut y aller."

Oui, il faut profiter de la Scarlett des magasines, parce qu’elle ne durera pas (la Scarlett actrice, par contre, c’est un placement à long terme - elle n'a guère plus de 20 ans). Dans dix ans, Scarlett parlera dans ses interviews de la couche d’ozone menacée par la prolifération des OGM, elle aura découvert la spiritualité (ou le yoga), elle sortira dans les conférences de presse des festivals de Venise, de Berlin ou de Cannes les banalités d'usage (« ce film écorne le mythe du rêve américain », «même si c’est moins spectaculaire, les femmes sont toujours prisonnières des conventions sociales », « aux Etats-Unis, les gens sont de plus en plus dépolitisés, abrutis par le consumérisme, c’est effrayant ») qui plaisent tant aux critiques européens qui aiment que les objets de leurs fantasmes cachés leur donnent des alibis intellectuels pour lire les magasines masculins. Il faut dire qu’entre-temps, un réalisateur tordu aura fait décrocher à Scarlett le rôle d’une fille mère camée immigrée clandestine, employée d’une laverie tenue par un harceleur sexuel homophobe. Pour ce rôle où elle portera des cache-nez destinés à cacher la cicatrice infligée par son beau -père pédophile un jour où elle se refusait à lui, et pour lequel elle aura pris dix kilos et renoncé à se laver les cheveux pendant quatre-vingt-treize jours, elle aura décroché un oscar et on lira dans Vanity Fair et Paris Match : "le sex-symbol a délaissé le glamour pour l’émotion - "j'ai cherché la vérité de mon personnage et j'ai trouvé la mienne" nous confie Scarlett Johansson » ( article illustré par une série de photos de Scarlett en petite lingerie, shootée par Annie Leibowitz - si vous voulez avoir une idée du résultat, jetez un coup d'oeil à la dernière interview de Monica Bellucci, dans n’importe quel magazine).

Dans dix ans, Scarlett sera comme toutes ces actrices européennes qui s’excusent à chaque instant d’être ce qu’elles sont : riches, jolies, privilégiées par le destin et les foules.

Il faut protéger Scarlett car elle prouve qu’on peut être canon, rigolote et ambitieuse tout en en arborant du talent et de la classe. Le jour où toutes les actrices seront des petites choses intellectualisantes, des filles à pull sales et aux poses de mijaurées cérébrales, on ne trouvera plus des filles sexy que dans l’Ile de la Tentation et nous reviendrons à l’équation machiste absolue : les jolies nanas sont des putains, les autres font de bonnes mères.  Question : le statut de la femme y aura-t-il tellement gagné ?

4 octobre 2006

Qui suis-je ?

Trentenaire -  donc je suppose, désabusé, dépolitisé, célibataire désespéré, réticent à s’engager, adolescent attardé, fan de Casimir et Dorothée, par l’amour effrayé, mais au fond de moi-même romantique et idéaliste, éclectique et mondialiste et finalement pas totalement égoïste.

Esprit Libre (c’est beaucoup dire), politiquement admirateur de De Gaulle, Churchill, Disraeli, Henri IV, Philippe Auguste, bref de tous ceux qui mêlent patriotisme et souci de cohésion sociale, sens de la grandeur et esprit d’ouverture oecuménique.

Dingue de cinéma, cet art délicieux qui mélange avec subtilité les images et les idées.

Admirateur de jolies filles – joueuses de tennis russes, actrices hollywoodiennes, et ma voisine Delphine B. que je croise régulièrement dans le métro et qui ne se rend même pas compte de la chance qu’elle a d’habiter près de chez moi.

Jeune cadre dynamique (attention aux postillons, c’est le moment où je tousse), membre du département communication d’une grande entreprise française.

Cynique, sceptique mais en tout cas désireux de présenter en toute modestie ma part de vérité, tout en étant extrêmement curieux de connaître la vôtre.

2 octobre 2006

Candidats PS : Et pourquoi "pas Jospin "

C’est un peu facile, évidemment, de l’écrire maintenant, mais il me semble que l’échec de la candidature de Jospin était inévitable. Rien au fond ne la justifiait. D’abord, il n’avait tiré aucune leçon politique de son échec de 2002. On attendait pas forcément une auto-critique personnelle (il aurait été un peu cruel de l’exiger) mais au moins une analyse de fond de son rendez-vous manqué avec les électeurs de gauche et surtout de la déception causée par son passage à Matignon au sein des classes populaires. Au lieu de ça, Jospin ne semblait compter que sur la mauvaise conscience des électeurs, qui pensait-il, n’oseraient pas lui refaire, ou plutôt se refaire le même sale coup deux fois de suite.

De même, la candidature Jospin n’était pas susceptible de faire avancer la réflexion socialiste sur les questions de fond qui se poseront inévitablement au champion du PS : le degré d’acceptation du système libéral, le choix entre réformisme assumé et posture radicale, la prise en compte des contraintes économiques actuelles pour faciliter leur dépassement, la nature des relations entre le Parti et le reste de la gauche.

La posture du sauveur n’avait aucun sens, sauf à considérer que la multiplicité des candidatures socialistes pour représenter le parti lors de l’élection majeure de la vie politique nationale, était un signe de mauvaise santé de la vie démocratique dudit parti…

Jospin ne pouvait pas non plus se poser comme le champion d’un courant de pensée du PS en deshérence, les idées de son courant étant défendues par un candidat aussi crédible que Dominique Strauss-kahn.
Jospin a donc choisi de se positionner comme le recours… face à Ségolène Royal ! Au nom d’une conception du rôle et du statut d’un parti qu’on pourrait qualifier pour dire les choses gentiment de légèrement rétrogrades. Il faut dire que les vues de Jospin sur ce sujet recoupent visiblement celles de nombreux hiérarques du parti qui font la fine bouche devant l’afflux de cyber-adhérents dans les rangs du PS. Ces braves gens qui ont adhéré au PS via Internet font l’objet de maintes suspicions, trop bourgeois, trop supporters, pas assez engagés, pas assez sensibles à la culture traditionnelle du parti… C’est vrai quoi, leurs disent les socialistes tradi, laissez-nous débattre entre nous ! La politique, c’est du sérieux ! C’est pas parce qu’on parle de vos vies que vous avez le droit d’y mettre votre grain de sel ! Ou alors, le grand jeu : obligation de présence, contrôle continu, et interrogation écrite à la fin des cours… Jospin était allé plus loin en dénonçant comme « pure démagogie » les proclamations de Ségolène Royal sur la démocratie participative sur son site Internet (pour mémoire, son édito y accueille les visiteurs avec ces mots :
« Pour avoir commencé à expérimenter la démocratie participative en région Poitou-Charentes que je préside, j'ai acquis la conviction que les citoyens, lorsqu'un problème est vécu ou lorsqu'un progrès est espéré, sont des "experts" légitimes de la question posée. »)

Jospin avait affirmé sèchement : "Quand j'entends un socialiste dire : 'les Français sont les meilleurs experts' et même 'meilleurs que les experts', je dis que c'est de la pure démagogie … Les Français peuvent s'organiser en syndicats, en partis politiques, en associations mais ils subsistent des savants, des experts…".

Evidemment, l’exaltation de la société civile, de l’interactivité, de la proximité peuvent être autant de mots creux dissimulant l’autoritarisme et l’électoralisme. Reste qu’on peut s’interroger sur le traditionalisme de la conception de l’action collective selon Jospin : les syndicats sans représentativité, les partis politiques décrédibilisés, les associations sans légitimité… au nom de quoi ce type d’organisations aurait-il le monopole de l’exercice de l’action publique par les citoyens ? La démocratie participative de Ségolène Royal est peut-être de la poudre aux yeux, mais elle marque au moins un début de réflexion sur une des questions centrales de nos démocraties modernes : la distance sans cesse croissante entre les citoyens et les décideurs qui entraîne l’impression partagée par beaucoup que la sphère politique est un univers de plus en plus détaché du réel concret où vivent les citoyens. Cette mentalité a des conséquences désastreuses pour l’exercice de la démocratie : repli sur la sphère privée, défense jalouse de son autonomie personnelle et méfiance contre toute action publique visant à limiter les ravages de l’individualisme extrême, abaissement du sens civique…

N’en déplaise à Jospin, ce ne sont pas les structures collectives traditionnelles qui pourront répondre à ce malaise. C’est vrai, ce n’est sans doute pas non plus la cyber-boîte à idées de Ségolène. Au moins celle-ci aura tenté de poser des bonnes questions et de rompre – fut-ce superficiellement - avec les mœurs des professionnels de la profession politique pour qui le pouvoir est une chose trop sérieuse pour le confier à ceux sur qui on l’exerce.

Lionel Jospin, qui fut un Premier Ministre compétent et un leader politique capable de rompre avec certains aspects du conformisme intellectuel de gauche (angélisme, maximalisme économique, méfiance envers les institutions républicaines…) n’a pas su encore une fois mener le bon combat. Il sera tombé pour avoir oublié de se poser les bonnes questions, ce qui lui a enlevé toute chance d’être considéré comme celui qui pourrait y répondre.

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2 octobre 2006

Candidats PS : Fabius, modeste et convaincant

Cette fois-ci, ça y est, ils sont lâchés dans l’arène… Qui ? Les candidats du Parti Socialiste, bien sûr.

J’ai trouvé les déclarations de candidatures des 3 prétendants (puisque Lang a jeté l’éponge) plutôt réussies, je dois dire. Ségolène gaullienne, partant dans sa « conquête pour

la France

». DSK, très pro, sobre et combatif à la fois…

Reste Fabius, qui je dois l’avouer et à ma grande surprise m’a paru le plus convaincant. Je l’ai trouvé sincère et même émouvant (non, je n’ai pas bu, enfin si, un peu de Sidi-Brahim – cf mon message précédent). J’ai bien  aimé qu’il se positionne comme le candidat « des gens modestes ». Franchement, qui oserait ça  part lui ? C’est vrai, pour un candidat, c’est plus valorisant de se positionner comme le porte-parole de la modernité, c’est plus rassembleur de parler « aux classes moyennes et populaires »,  c’est plus combatif de vouloir conduire le prolétariat en mouvement…Mais  « les gens modestes » ?... ça a un petit côté modeste, justement…  Annoncer qu’on va défendre, comme il l’a fait, « des ouvriers, des employés, des petits retraités », c’est pas très sexy, ça fait son Léon Blum 70 ans après, mais tout bêtement, on peut considérer que c’est utile dans un contexte médiatique où  ne semblent exister que les gagnants de la modernité libérale d’un côté, les minorités exploitées de l’autre.… Alors, c’est vrai, on peut se poser la question de la sincérité de Fabius qui, il n’y a pas 5 ans, se positionnait comme un fringant social-libéral. Mais après tout « il n’y a que les imbéciles qu ne changent pas d’avis », et personne n’a jamais considéré Laurent Fabius comme un imbécile… Il y a en tout cas dans cette déclaration de candidature, une forme d’humilité sympathique et un souci du concret – le pouvoir d ‘achat, l’emploi… - qui à mon avis,  parleront à nombre de militants. Soyons clairs, je ne suis pas socialiste et je ne vois pas Fabius être désigné candidat par le PS, mais je pense tout de même qu’il a plus de chances qu’on ne le considère généralement…

Je sais, les sondages donnent à Fabius 3% d’intention de vote parmi les sympathisants socialistes. Mais ce ne sont pas les sympathisants qui voteront pour désigner le candidat rose mais les militants. Et au sein du parti, Fabius a récolté en novembre 2005, lors des dernières élections internes, plus de 20 % des voix… On a donc toutes les raisons de se méfier de ces sondages. (Grosse) surprise improbable mais possible.

1 octobre 2006

Sur l'affaire Robert Redeker

Pour ce premier message sur ce blog (si l'on considère que le message publié il ya quelques jours n’était qu’un prologue), je vais aborder un sujet qui devrait tenir à cœur tous les bloggeurs de la planète, partisans es-qualités j’imagine de la liberté d’expression : l’affaire Robert Redeker, ce professeur de philosophie victime de menaces de mort après avoir publié dans Le Figaro une tribune violemment agressive contre l’Islam. Libération publiait le 30 septembre dernier un dossier assez complet sur le sujet

Quelques réflexions personnelles sur le sujet

Tout d’abord, comme d’hab’, dans ce genre de cas (cf : l’affaire des caricatures de Mahomet), il y a quelque chose de pathétique dans le cœur des réactions plus ou moins hypocrites de tous ceux qui, tout en défendant le principe de la liberté d’expression, s’attachaient à se différencier de Redeker sur le fond. La palme revenant au Ministre de l’Education qui se déclarait solidaire de Redeker tout en précisant qu’un fonctionnaire se devrait de se montrer « prudent, modéré, avisé en toutes circonstances». Autrement, dit il a fait une connerie, mais bon quand même, vous êtes un peu dur de vouloir lui tancher la gorge. Moi, en tout cas, M. Al Qaïda, j’y suis pour rien.

En un peu moins ambigu, Dominique de Villepin précisait lui que "La liberté d'opinion, c'est quelque chose que nous défendons, dans le respect des opinions des autres, avec le souci de la tolérance. C'est bien un chemin exemplaire pour notre pays, montrer que la liberté et le respect sont compatibles, ça implique beaucoup de vigilance ».

Bien sûr, on peut difficilement leur reprocher cette prudence. Les principes abstraits, les concepts, sont tellement éloignés aujourd’hui de notre univers vidéosphérique qu’on ne peut donner tort à des politiques qui estiment visiblement qu’une partie non négligeable de la population aura du mal à faire la différence entre un soutien de principe à Redeker et l’approbation de ses positions sur le fond. D’autant que les dites positions sont pour le moins radicales et qu’un homme d’Etat qui les soutiendrait pourrait à bon droit être considéré comme irresponsable. Cela dit, en pareilles circonstances, l’urgence est avant tout de soutenir l’homme avant d’entrer dans des considérations de fond.

Une autre remarque sur la conciliation de la liberté et du respect. Ça part d’un bon sentiment mais il faut tout de même noter les limites de ce raisonnement. Notre société postmoderne qui prône la tolérance et la cohabitation entre les valeurs et les modes de pensée, plutôt que leur confrontation, fut-elle pacifique et source de dynamisme culturel, a tendance à oublier que toute forme d’expression peut potentiellement incommoder autrui. La quintessence de cet esprit était sans doute la défunte émission de Thierry Ardisson, Tout le monde en parle, où l’animateur donnait alternativement la parole avec la même complicité attentive, à des actrices porno et à des jeunes musulmanes refusant d’enlever leur voile « par pudeur’». Malheureusement, tout le monde n’est pas  naturellement schizophrène. Autant le savoir quand on prend la parole, quelques soient les circonstances. SI je suis chrétien et que j’insiste sur l’importance de la foi dans mon existence, je peux heurter les sentiments de mon voisin athée. Si je suis partisan d’une gauche révolutionnaire et que j’émets le souhait d’abolir le capitalisme, des chefs d’entreprise peuvent se sentir agressés par mon discours. SI je suis fan d’Alain Souchon et que je compare son génie à Mozart, je risque de blesser les mélomanes (bon dans ce dernier cas, je serais moi-même partisan de limiter la liberté d’expression). Bref, si l’on ne veut heurter les convictions de personne, on est obligé de ne jamais exprimer les siennes…

Au-delà de ces considérations, Libération fait remarquer à juste titre que cet incident pose encore la question de la possibilité de critiquer l’Islam, quelques mois après l’affaire des caricatures de Mahomet, et quelques jours après les critiques exprimées par Benoît XVI, et la récente décision d’un opéra allemand de déprogrammer une œuvre traitant de manière triviale les prophètes des différentes religions, Mahomet inclus. De ce point de vue là, à la lecture et à la vue des médias, on pourrait s’inquiéter. Dans ce genre de circonstances, immanquablement, les journaux télévisés vont chercher des plans tournés dans telle ou telle ville du Proche ou du Moyen Orient, où une poignée d’excités brûle les effigies des blasphémateurs en brandissant des pancartes haineuses. Il est urgent de se méfier de ce genre de représentations où l’on perçoit les musulmans comme une bande d’hystériques, propres à piquer une crise de nerfs et à appeler à la guerre sainte chaque fois qu’on agite devant leur nez le chiffon rouge du blasphème.

Toujours dans le dossier de Libération, le chercheur Olivier Roy, spécialiste des mouvements islamistes, relativisait le problème : « En évoquant la réaction des musulmans, personne n'essaie donc de déconstruire une certaine image de l'islam et des musulmans vivant en Occident. On parle d'une communauté de millions de personnes prêts à descendre dans les rues alors que cette communauté n'existe pas. Il y a, en revanche, une population musulmane largement apathique. Les problèmes pour la liberté de critique de l'islam sont créés par un certain nombre d'extrémistes. C'est un danger, mais il ne faut pas en exagérer les proportions… S'il y a bien un risque sécuritaire, il reste limité et se réduit à un problème de police ».

Il est clair que l’écrasante majorité des musulmans, tout au moins en Europe, sont bien éloignés de ce genre de fanatisme. Méfions-nous donc des caricatures qu’en donne l’extrême-droite et les xénophobes de tout poil. On remarquera tout de même que toute une partie de la gauche bien-pensante, coincée par le concept flou d’ « Islamophobie » va malheureusement dans le même sens. Toujours dans l’affaire Redeker, le MRAP n’a pas trouvé mieux que de déclarer que  « la provocation (celle de Redeker donc) génère l'inacceptable (de la part de ceux qui le menace) ». Autrement dit, voilà ce qui arrive quand on s’en prend à l’Islam… Voudrait-on signaler que cette religion est par nature intolérante qu’on aurait pas fait mieux.

Bon au terme de cette note, histoire de ne pas me faire descendre, je préciserai quand mêle que je n’ai moi-même rien contre l’Islam. La seule chose qui m’interpelle, c’est cette interdiction de boire de l’alcool. Quand je pense que les musulmans algériens ne peuvent même pas goûter du Sidi-Brahim, je trouve qu’il y a là une forme de cruauté paradoxale… qui après tout est bien dans la nature (supposée) des divinités.

23 septembre 2006

Essai

Bonjour à tous.

Ceci est mon premier essai de blog. Je vous demande donc d'etre indulgent.Ceci dit, si vous souhaitez rétablir la peine de mort pour l'auteur de ce blog. Je ne m'en formaliserai pas. je n'ai pas une très haute opinion de moi-meme. C'est pour ça que je me suis lancé. Il y a quoi ? 12 millions de bloggers dans le monde. J'ai pensé que mélé à un groupe si important, on remarquerait moins mon illustrissime médiocrité. J'ai aussi essayé de postuler au fan club français de Marco Materrazzi ou aux adeptes de la pensée philosophique d'Eric Raoult mais ça manquait de membres. ça m'a fait peur. Je suis lache aussi. J'aime le nombre. Bon, je vais essayer de trouver quelques raisons originales de consulter ce blog : 1°) Sa consultation est gratuite. Bon, encore heureux me direz vous. Mais pensez à toutes les choses désagréables, agressives et sans intéret qui ne sont pas gratuites : les impots, les radiations nucléaires, les musées d'art contemporain, Eurodisney, la conversation de Josiane, la standardiste du bureau ( à la machine à café, elle n'a jamais d emonnaie et c'est vous qui casquez). 2°) Sur ce bog, vous trouverez la réponse à des questions passionnantes qui ne vous ont jamais traversé l'esprit : quelle est la différence entre un jeune de droite et un jeune de gauche ? Quelles sont les relations entre post-modernisme et téléréalité ? Que peut-on dire du gout des joueuses de tennis russes pour les bananes ? 3°) Les idées exprimees sur ce blog étant réellement sans interet, et en tout cas certainement moins brillantes que les votres, vous vous sentirez dans la peau d'un phare de la pensée humaine chaque fois que vous le lirez. 4°) J'essaierai de trouver un 4°) la prochaine fois. 5°) Je suis bavard et je le remettrai souvent à jour. C'est vrai j'aurais pu le mettre en 4°) mais les 4°) c'est spécial, il faut que je trouve quelque chose de véritablement ingénieux pour ce numéro et comme je vous l'ai dit, je débute. 6° Happy Hanouka. 7°) Votre petit(e) ami(e) regarde par dessus votre épaule là. Faites gaffe, elle va croire que je vous drague. 8°) A la prochaine.

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Crime et Chocolat
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